CERPHI

 

Réseau d’information scientifique : Philosophie et médecine

Réseau créé en 2005

Responsables

Courriel de la liste de dif­fu­sion : huma­ni­tes­me­di­ca­les@g­mail.com

Présentation

Philosophie et méde­cine a pour voca­tion de dif­fu­ser des infor­ma­tions scien­ti­fi­ques et de réunir à l’occa­sion de sémi­nai­res, col­lo­ques et publi­ca­tions des spé­cia­lis­tes en scien­ces humai­nes et socia­les qui tra­vaillent sur l’his­toire, les pra­ti­ques et les théo­ries de la méde­cine, les poli­ti­ques de santé publi­que et les ques­tions d’éthique médi­cale.

Ce groupe a été créé en 2005 au sein de l’UMR 5037 (Centre d’étude en rhé­to­ri­que, phi­lo­so­phie et his­toire des idées).

Il a été ini­tia­le­ment fondé pour rompre l’iso­le­ment rela­tif dans lequel ont long­temps tra­vaillé les spé­cia­lis­tes du domaine, cher­cheurs ou ensei­gnants-cher­cheurs, en France plus encore que dans d’autres pays.

Depuis 2005, il s’est étoffé et inter­na­tio­na­lisé. Il s’ins­crit aujourd’hui dans un contexte de grand dyna­misme scien­ti­fi­que, dont témoi­gne par exem­ple l’axe « Histoire et phi­lo­so­phie de la méde­cine » de l’unité SPHERE, qui accueille aujourd’hui le réseau et dont est membre Marie Gaille. L’étude croi­sée de l’his­toire des idées médi­ca­les et de leur récep­tion chez les phi­lo­so­phes de l’âge clas­si­que et des lumiè­res réunit de son côté plu­sieurs mem­bres du Cerphi, unité à laquelle Claire Crignon est asso­ciée.

Avec d’autres struc­tu­res, le réseau Philomed sou­haite favo­ri­ser le par­tage et l’échange des enquê­tes menées sous des ban­niè­res dis­ci­pli­nai­res dif­fé­ren­tes : droit, bioé­thi­que, phi­lo­so­phie appli­quée, phi­lo­so­phie poli­ti­que, phi­lo­so­phie morale, phi­lo­so­phie tout court, l’épistémologie, his­toire des scien­ces, anthro­po­lo­gie, socio­lo­gie, et même archéo­lo­gie et let­tres clas­si­ques.

À titre d’exem­ple de tra­vail commun coor­donné par le réseau, on peut men­tion­ner :

  • 28 mai 2005 : Organisation de la journée d’étude « Philosophie et médecine, Le discours médical comme norme de l’existence humaine en Europe, 16e-18e siècle »
  • 21 juin 2008 : Co-organisation avec D. Weber d’une journée d’étude « Le vieillissement et à la prolongation de la vie, 16e-18e siècles ». Les actes ont été publiés dans la revue en ligne Asterion, 8, 2011 (asterion.revues.org)
  • 16 octobre 2009 : Co-organisation avec M. Spranzi de la journée d’étude, « La relation médicale : approches empiriques des questions éthiques », Université de Bourgogne, centre G. Chevrier
  • 17-19 mars 2010 : Co-organisation avec Cl. Crignon d’un colloque international « Qu’est-ce qu’un bon médecin ? Qu’est-ce qu’’un bon patient ? » , Université Paris Descartes et Université de Bourgogne. Les actes ont été publiés par M. Gaille et Cl. Crignon : Qu’est-ce qu’un bon patient ? Qu’est-ce qu’un bon médecin ? Paris, Séli Arslan, 2010

Une partie des mem­bres du réseau a pour­suivi les recher­ches au sein du projet ANR La refonte de l’homme (www.phi­lo­med.univ-paris8.fr).

Philosophie et méde­cine s’est doté d’un annuaire des cher­cheurs régu­liè­re­ment mis à jour. Ceux qui sou­hai­tent faire partie de ce groupe de tra­vail doi­vent nous contac­ter aux adres­ses électroniques indi­quées ci-dessus et rédi­ger une notice d’une dizaine de lignes men­tion­nant leurs objets, leur corpus d’étude (ou leurs maté­riaux), leurs outils biblio­gra­phi­ques ou métho­do­lo­gi­ques spé­ci­fi­ques.

Du point de vue théo­ri­que, face à des ques­tion­ne­ments sur les pra­ti­ques liées à l’exer­cice de la méde­cine et de la recher­che bio­mé­di­cale aujourd’hui, l’objec­tif de ce groupe est de pro­po­ser un éclairage de longue durée des inter­ro­ga­tions, prises de posi­tion et pro­blè­mes contem­po­rains. L’his­toire de la phi­lo­so­phie, des scien­ces, de la méde­cine elle-même, mais aussi de la pensée poli­ti­que, morale et anthro­po­lo­gi­que peut en effet contri­buer de façon pré­cieuse, en la met­tant en pers­pec­tive, à éclairer le sens d’une ques­tion et les impli­ca­tions des dif­fé­ren­tes répon­ses qui lui sont don­nées de nos jours. L’his­toire et la concep­tua­li­sa­tion phi­lo­so­phi­ques offrent ainsi de pré­cieu­ses res­sour­ces pour poser des ques­tions rela­ti­ves au phé­no­mène de médi­ca­li­sa­tion de l’exis­tence et aux normes mora­les et poli­ti­ques qui l’accom­pa­gnent, la fon­dent et l’orien­tent.

Par ailleurs, il est néces­saire pour qui s’inté­resse aux pra­ti­ques liées à l’exer­cice de la méde­cine ou de la recher­che bio­mé­di­cale, d’avoir une pra­ti­que phi­lo­so­phi­que réflé­chie. En effet, on ne peut en toute inno­cence s’inté­res­ser phi­lo­so­phi­que­ment à la méde­cine. Ces deux dis­ci­pli­nes ont his­to­ri­que­ment noué des liens forts. La méde­cine, par son lan­gage, son mode de rai­son­ne­ment, la vision de l’homme qu’elle a contri­bué à bâtir, a nota­ble­ment péné­tré le propos phi­lo­so­phi­que.

Dans cette pers­pec­tive, trois aspects ont été par­ti­cu­liè­re­ment pri­vi­lé­giés depuis 2005.

  • la « tradition médico-philosophique »

L’expres­sion de « tra­di­tion médico-phi­lo­so­phi­que » est de J. Pigeaud (Les mala­dies de l’âme à l’âge anti­que). Elle ren­voie à la réflexion que les méde­cins pro­po­sent eux-mêmes au sujet du savoir et des pra­ti­ques médi­ca­les et de la place que la méde­cine doit tenir dans l’exis­tence des indi­vi­dus. Ainsi par exem­ple Galien fait partie de ces méde­cins qui consi­dè­rent que la méde­cine doit tou­jours accom­pa­gner la phi­lo­so­phie et que le phi­lo­so­phe doit aussi se faire méde­cin ou le méde­cin phi­lo­so­phe. On peut aussi ren­voyer, sur ce thème, à l’œuvre de P. Pinel et à son Traité médico-phi­lo­so­phi­que sur l’alié­na­tion men­tale.

Quels sont les moments mar­quants de ce qu’on peut consi­dé­rer comme une « tra­di­tion médico-phi­lo­so­phi­que » ? Comment méde­cine et phi­lo­so­phie ont-elles dia­lo­gué depuis l’anti­quité ? Quels modè­les poli­ti­ques, reli­gieux, esthé­ti­ques cette tra­di­tion médico-phi­lo­so­phi­que a-t-elle offert aux autres dis­cours (qu’il s’agisse de l’ana­to­mie, de la dis­sec­tion, du régime…) ?

  • le rôle de la médecine dans l’élaboration d’une anthropologie philosophique

Dans quelle mesure peut-on consi­dé­rer que les connais­san­ces médi­ca­les ou la pra­ti­que médi­cale ont contri­bué à faire émerger des pro­blé­ma­ti­ques phi­lo­so­phi­ques spé­ci­fi­ques, ou contri­bué à trans­for­mer de manière signi­fi­ca­tive un débat, un pro­blème ? Par exem­ple, quel­les ont été les consé­quen­ces de la pra­ti­que de l’ana­to­mie dans les repré­sen­ta­tions et les concep­tions phi­lo­so­phi­ques de la nature de l’être humain ? Ou bien encore, quel est l’effet phi­lo­so­phi­que de la décou­verte du prin­cipe de la cir­cu­la­tion du sang par W. Harvey ? Dans ce ques­tion­ne­ment, la part anthro­po­lo­gi­que occupe une place cen­trale dans la réflexion phi­lo­so­phi­que avant que l’anthro­po­lo­gie n’émerge comme une dis­ci­pline à part entière et encore après l’avè­ne­ment de celle-ci. Par ailleurs, quel­ques caté­go­ries, telles que celle de la norme, nous semble devoir faire l’objet d’un trai­te­ment pri­vi­lé­gié dans l’ana­lyse de cette inte­rac­tion entre méde­cine/phi­lo­so­phie/anthro­po­lo­gie.

  • le rôle de la philosophie dans la réflexion sur le corps, la maladie, la santé, la naissance, le vieillissement et la mort
  • Au-delà des métaphores que la médecine fournit à la philosophie, on pourra se demander comment penser aujourd’hui le rôle de la philosophie vis-à-vis de l’évolution des pratiques médicales, que ce soit du côté des soignants ou de celui des soignés. Il ne va en effet pas de soi de considérer que « l’éthique médicale » répondrait aujourd’hui à cette tâche. Comment la réflexion philosophique peut-elle appréhender la nature de l’expérience que fait le sujet malade ou aider à mesurer les enjeux et les difficultés liés à la prise de décision médicale ? Peut-elle plus largement contribuer à éclairer les raisons pour lesquelles la médecine semble avoir pris aujourd’hui le relais de la religion dans la recherche du salut individuel ou collectif (idéal d’une santé parfaite, mode de la médecine de soi, culte du corps) ? Ne faut-il pas aussi prendre la mesure éthique et politique du fait que les limites de ce qui est apparu jusqu’à présent comme une existence finie (la naissance, la mort) tendent à être redéfinies au fur et à mesure de l’évolution des techniques médicales de réanimation ou du perfectionnement de l’art de guérir ?

Claire Crignon et Marie Gaille