Le groupe de travail sur Fontenelle est constitué de chercheurs et chercheuses intéressés par l’œuvre de Fontenelle, philosophes et historiens de la philosophie, spécialistes de littérature, de littérature clandestine et de littérature scientifique, philosophes et historiens des sciences.
Au terme d’une longue période de l’historiographie des Lumières qui a divisé l’étude des idées philosophiques, dont s’occupaient les philosophes et historiens de la philosophie, et celle des idées et des pratiques politiques, domaine des historiens, historiens culturels, sociaux et historiens intellectuels, des interprétations englobantes ont tenté de rendre compte de l’articulation spécifique, s’il y en a une, de la pratique et de la théorie éclairée (M. Jacob, A.C. Kors, J. Israel par exemples). Cependant dans les cas cités, les Lumières, en particulier françaises, sont caractérisées par un discours qui leur échappe : les Lumières radicales sont chez M. Jacob essentiellement le fait de la maçonnerie britannique du 17e siècle, et chez J. Israel celui de la diffusion du spinozisme. En outre, la théorie (philosophie naturelle et déterminisme scientifique monistes, histoire de l’esprit humain, philosophie morale) et la pratique tant scientifique (pratique scripturaire des genres littéraires et scientifiques, sollicitation ou refus des places académiques et pensions royales) que politique (manuscrits clandestins, réunions en clubs non officiels, stratégies de publication et collaboration avec le pouvoir en place) apparaissent disjointes. Pour sortir de cette difficulté, il importe de rendre la parole aux écrivains des Lumières pour les entendre se définir eux-mêmes comme tels.
Or on peut repérer chez Fontenelle la préoccupation constante de penser les lumières.
Ainsi, la pratique par Fontenelle des genres clandestins comme officiels, Traité de la liberté et Mémoires de l’Académie, l’écriture des Lettres galantes du chevalier d’Her*** qui n’empêche pas la rédaction d’Entretiens sur la pluralité des mondes, la rédaction de l’utopie de l’Histoire des Ajaoiens et l’investigation sur L’Origine des Fables, dessinent une pratique éclairée définissant les Lumières. La réponse fontenellienne peut être dite radicale, au sens de l’extension inouïe qu’elle donne au public constituant les Lumières.
Le groupe de travail « Fontenelle ou qu’est-ce que les Lumières ? » propose d’offrir la réponse de Fontenelle à cette question, sous une forme qui respecte sa dimension indissociablement théorique et pratique : une édition introduite et annotée de l’œuvre philosophique protéiforme de Fontenelle. Cette édition se fait en étroite collaboration avec la Société Fontenelle, présidée par Jean Dagen, avec l’équipe du CEREDI (EA 3229, Université de Rouen) et en particulier avec Claudine Poulouin, responsable de l’édition des Œuvres complètes de Fontenelle (en cours, Champion). Le volume d’œuvres choisies de Fontenelle paraîtra chez Garnier Classiques au printemps 2011, sous le titre : Digression sur les Anciens et les Modernes et autres textes philosophiques.
De 2007 à 2012, le groupe animé par Sophie Audidière, a fait aboutir son programme de recherche d’une enquête sur la dimension philosophique de l’œuvre de Fontenelle, à travers tout le corpus fontenellien :