Philosophies de l'humanisme


DE LUCE SEU DE INCHOATIONE FORMARUM

Robert GROSSETESTE (1168/75 (?)–1253)

(Traduction du latin par Didier Ottaviani)

 

De la lumière ou de l'inchoation* des formes

 

1. Je pense que la lumière (lux) est la première forme corporelle, que certains appellent corporéité. En effet, la lumière en soi (per se) se diffuse elle-même (se ipsam) en toutes directions, de telle façon qu'un point de lumière engendre instantanément une sphère de lumière aussi grande que possible, à moins qu'une chose obscure y fasse obstacle. L'essence de la corporéité est telle qu'elle a pour corrélat l'extension de la matière selon trois dimensions, bien que pourtant la corporéité, de même que la matière, soient en elles-mêmes des substances simples, privées de toute dimension. Il est cependant impossible que la forme, en elle-même simple et sans dimension, puisse induire dans la matière (qui est semblablement simple et sans dimension) une dimension en toutes directions, à moins qu'elle le fasse en s'auto-multipliant (seipsam multiplicando) et en se diffusant elle-même instantanément en toutes directions, étendant la matière dans sa diffusion. Car la forme elle-même ne peut abandonner la matière, parce qu'elle n'en est pas séparable, et la matière elle-même ne peut rejeter la forme. - J'ai cependant déclaré que c'est la lumière qui possède par soi cette faculté de s'auto-multiplier (ipsam multiplicare) et de se diffuser instantanément en toutes directions. Donc tout ce qui effectue cette action est, soit la lumière elle-même, soit une chose qui le fait en tant qu'elle participe de la lumière elle-même, qui seule effectue cette action par soi. Donc, la corporéité est, soit la lumière elle-même, soit un agent effectuant l'action énoncée, et introduisant les dimensions dans la matière en tant qu'il participe de la lumière elle-même, qui agit alors grâce à la puissance (per virtutem) de cette lumière elle-même. Mais il est impossible que la forme première induise des dimensions dans la matière grâce à la puissance d'une forme qui lui serait seconde (formæ consequentis). Donc la lumière n'est par une forme seconde par rapport à la corporéité, mais est la corporéité elle-même.

2. De plus, les sages pensent que la première forme corporelle a une essence plus digne, plus excellente et plus noble que toutes les formes qui la suivent, et qu'elle est fortement semblable aux Formes séparées. La lumière a une essence plus digne, plus noble et plus excellente que toutes les choses corporelles, et elle ressemble plus fortement que tous les corps aux Formes séparées, c'est-à-dire aux Intelligences. La lumière est donc la première forme corporelle.

3. Donc la lumière (lux), qui est la première forme créée dans la matière première, s'auto-multiplie elle-même de tous côtés une infinité de fois, et s'étend uniformément en toutes directions. Au commencement des temps, elle déployait la matière, qu'elle ne pouvait laisser derrière elle, en l'étirant avec elle en une masse proportionnée à la taille de l'édifice du monde. Cette extension de la matière ne pouvait être réalisée par une multiplication finie de la lumière, parce que la répétition d'un simple un nombre fini de fois ne produit pas une quantité, ainsi que le montre Aristote dans le De cælo et mundo. La multiplication du simple une infinité de fois doit nécessairement engendrer une quantité finie, parce que ce qui est produit à partir de la multiplication infinie d'une chose excède infiniment cette chose. Or, le simple ne peut excéder infiniment le simple, et c'est seulement une quantité finie qui excède infiniment le simple. En effet, la quantité infinie excède une infinité infinie de fois le simple. Donc, quand elle est multipliée une infinité de fois, la lumière, qui est en elle-même simple, étend nécessairement la matière, qui est également un simple, en des dimensions de grandeur finie.

4. Il est d'autre part possible qu'une somme infinie de nombres soit rapportée à tout autre somme infinie, qu'elle soit numérique ou non. Et il y a certains infinis qui sont plus grands que d'autres, et certains qui sont plus petits. La somme de tous les nombres, aussi bien pairs qu'impairs, est infinie, et elle constitue une somme plus grande que celle de tous les nombres pairs, cette dernière étant néanmoins infinie : elle l'excède en effet de la somme de tous les nombres impairs. De plus, la somme de tous les nombres contenus dans la suite obtenue en partant de l'unité et en doublant successivement chaque nombre est infinie. Et de même, la somme des termes de la suite constituée par les moitiés (subduplorum) des termes de la suite précédente est infinie. Il est nécessaire que la somme de ces moitiés soit moitié moindre que la somme de leurs doubles. De la même manière, la somme de tous les nombres contenus dans la suite obtenue en partant de l'unité et en triplant successivement chaque nombre est trois fois plus grande que la somme de leurs tiers (subtriplorum). - Et, de la même manière, il est évident qu'il peut y avoir un rapport du fini à l'infini pour toute sorte de rapport numérique.

5. Supposons la somme infinie de tous les termes, partant de l'unité, de la suite des doubles, et la somme infinie de tous les termes, partant de l'unité de la suite de leurs moitiés. Enlevons une unité (ou n'importe quel autre nombre fini), de la somme des moitiés. Une fois la soustraction effectuée, il ne restera plus, entre la première somme et le reste de la seconde somme, de rapport double. Plus encore, il n'y aura plus aucune proportion numérique entre les deux. Car, s'il restait une proportion numérique après cette soustraction du plus petit membre de la suite, cela signifierait que ce qui est soustrait est une partie (ou un certain nombre de parties) de ce dont il est soustrait. Mais un nombre fini ne peut être une partie (ou un certain nombre de parties) d'un nombre infini. Donc, la soustraction d'un nombre d'une somme infinie de moitiés ne laisse pas subsister de proportion numérique entre la somme infinie des doubles et le reste de la somme infinie des moitiés.

6. De ce fait donc, il est manifeste que la lumière, par sa multiplication infinie, étend la matière en des dimensions finies, plus ou moins grandes en fonction des proportions qu'elles ont entre elles, c'est-à-dire numériques et non numériques. Car, si la lumière, par sa multiplication infinie, étend la matière en des dimensions bicubiques (bicubitam), il en résulte que, par le doublement de cette multiplication infinie, elle l'étend en des dimensions tétracubiques (tetracubitam), et par la multiplication de moitié elle l'étend en une dimension monocubique (monocubitam). Et il en va de même pour les autres proportions numériques et non-numériques.

7. Je crois que les philosophes qui soutenaient que tout est composé d'atomes voulaient dire cela. Ils affirmaient que les corps sont composés de surfaces, les surfaces de lignes, et les lignes de points. - Leur opinion ne contredit pas ce qu'ils soutiennent par ailleurs, en disant que la grandeur est seulement composée de grandeurs, car la façon de désigner le tout peut également être utilisée pour désigner les parties. Nous disons en effet en un certain sens que la moitié est une partie (pars) du tout, car deux moitiés font un tout, et en un autre sens que le côté est une partie du diamètre, car quel que soit le nombre de fois où le côté est compté, cela ne revient pas au diamètre et lui est toujours supérieur. Et nous disons en un autre sens qu'un angle de contingence (angulus contingentiæ) est une partie d'un angle droit, qui en contient une infinité, et, par conséquent, la soustraction d'un nombre fini d'angles de contingence d'un angle droit diminue ce dernier. Nous disons en un autre sens encore que le point est une partie de la ligne, qui en contient une infinité, et la soustraction d'un nombre fini de points d'une ligne ne la raccourcie pas.

8. Revenant donc à mon propos, je dis que la lumière, par sa multiplication infinie en toutes directions et de façon égale, étend également la matière de tous côtés, en une forme sphérique. Par une conséquence nécessaire de cette extension, les parties extrêmes de la matière sont plus étendues et plus raréfiées que les parties internes, proches du centre. Et, étant donné que les parties extrêmes ont été raréfiées au plus haut point, les parties intérieures resteront plus susceptibles de raréfaction.

9. De cette façon donc, en étendant la matière première en une forme sphérique et en raréfiant au plus haut point les parties les plus externes, la lumière actualise complètement (complevit) la puissance de la matière dans la sphère la plus externe, et ne lui laisse pas la possibilité de recevoir une impression ultérieure. C'est ainsi que le corps premier situé à l'extrémité de la sphère, que l'on appelle Firmament, est parfait, n'étant composé de rien d'autre que de la matière première et de la forme première. C'est pourquoi il est le plus simple de tous les corps, en ce qui concerne les parties constituant son essence et relativement à sa quantité, qui est la plus grande possible. Il diffère dans le genre du corps seulement par ce fait, qu'en lui la matière est totalement actualisée (completa) uniquement par la forme première. Le corps en tant que genre, que lui et les autres corps possèdent, ayant dans son essence la matière première et la forme première, fait abstraction de l'actualisation plus ou moins grande de la matière par la forme première.

10. C'est pourquoi, une fois le premier corps, qui est le Firmament, totalement actualisé de cette manière, il étend lui-même sa lumière (lumen) de chacune de ses parties vers le centre de l'univers. En effet, puisque la lumière (lux) est la perfection du corps premier, et qu'elle se multiplie elle-même naturellement à partir de celui-ci, il est nécessaire que cette lumière (lux) soit diffusée vers le centre de l'univers. Et, comme elle est une forme totalement inséparable de la matière, elle étend avec elle, dans sa diffusion à partir du premier corps, la spiritualité de la matière du corps premier. Et ainsi la première lumière sensible (lumen) procède du corps premier, et celle-ci est un corps spirituel ou un esprit corporel. Dans son trajet, cette lumière (lumen) ne divise pas le corps au travers duquel elle passe, et c'est pourquoi elle passe instantanément du corps du premier ciel au centre. Et son trajet ne doit pas être compris comme quelque chose d'unitaire, passant instantanément du ciel au centre (ce qui est peut-être impossible), mais comme une multiplication d'elle-même et une génération infinie de lumière. Donc cette lumière (lumen) concentre, du corps premier au centre, la masse existant sous le corps premier pour l'étendre et la ramasser. Comme le corps premier ne peut être diminué, puisqu'il est totalement actualisé et invariable, et qu'il ne peut exister de vide, il est nécessaire que, dans la concentration de cette masse, les parties les plus externes soient étendues et dilatées. Ainsi, les parties internes de la masse évoquée devenaient plus denses, et les parties les plus externes étaient plus raréfiées, et la puissance (potentia) de la lumière (lumen) était si grande dans cette concentration (et, en concentrant, elle dilatait) que les parties les plus externes de la masse contenue sous le corps premier elles-mêmes étaient rendues subtiles et raréfiées au plus haut point. De cette manière, la seconde sphère, totalement actualisée et ne pouvant recevoir aucune impression supplémentaire, fut produite dans les parties les plus externes de la masse évoquée. L'actualisation complète et la perfection de la seconde sphère proviennent du fait que la lumière (lumen) est engendrée par la première sphère, et que la lumière (lux), qui est simple dans la première sphère, est dupliquée (duplicata) dans la seconde.

11. D'autre part, dès que la lumière (lumen) engendrée par le corps premier a achevé l'actualisation de la sphère seconde, laissant en dessous d'elle une masse plus dense, la lumière (lumen) engendrée par la seconde sphère en produit une troisième, et sous cette troisième sphère est concentrée et laissée une masse encore plus dense. Cette concentration, qui tout à la fois dilate, procède alors selon cet ordre jusqu'à ce que les neuf sphères célestes soient totalement actualisées et que sous la sphère la plus basse, la neuvième, soit concentrée la masse densifiée, qui est la matière des quatre éléments. Quant à la sphère la plus basse, qui est celle de la Lune, elle engendre aussi hors d'elle sa lumière (lumen), qui concentre la masse contenue en dessous d'elle et, ce faisant, elle dilate et rend plus subtiles les parties les plus extérieures. Pourtant, la puissance (potentia) de cette lumière (lumen) n'est pas suffisante pour que, lors de cette concentration, les parties les plus externes soient dilatées au plus haut point. De ce fait, il reste dans toutes les parties de cette masse la possibilité d'être concentré et dilaté. La partie supérieure de cette masse est dilatée, mais non au plus haut point, et le feu est ainsi produit, laissant encore la masse des autres éléments. L'élément suivant engendre de lui-même une lumière (lumen) et concentre la masse contenue sous lui en dilatant les parties les plus extérieures, mais de façon moindre que la dilatation du feu, et c'est ainsi que l'air est produit. L'air est un corps spirituel ou un esprit corporel, et il engendre, en concentrant ce qu'il contient et dilatant, ce faisant, sa périphérie, l'eau et la terre. Mais, parce qu'il reste dans l'eau plus de force (virtutæ) de concentration que de dilatation, elle est, comme la terre, pesante.

12. Cela étant, les treize sphères de ce monde sensible sont produites dans l'être de cette manière. C'est-à-dire d'une part les neuf sphères célestes qui, parce qu'elles sont totalement actualisées, sont inaltérables, non augmentables, non soumises à la génération et incorruptibles. D'autre part les sphères qui existent selon un mode contraire, parce qu'elle ne sont pas totalement actualisées, et qui sont altérables, augmentables, soumises à la génération et corruptibles. - Il est évident que chaque corps supérieur, en fonction de la lumière (lumen) qu'il engendre hors de lui, est la forme (species) et la perfection du corps qui le suit. Et, de même que l'unité est potentiellement chaque nombre d'une suite, le corps premier par la multiplication de sa lumière est potentiellement chaque corps qui le suit.

13. La terre est tous les corps supérieurs car elle concentre en elle les lumières supérieures. Pour cette raison, les poètes l'appellent Pan, c'est-à-dire "le tout", et aussi Cybèle, qui est la mère de tous les dieux, ce qui ressemble à cubile, terme issu de "cube" (cubo), qui est un solide. La terre est le plus compact de tous les corps, parce que les lumières supérieures dont rassemblées en elle. Bien que ces lumières n'aient pas leur source dans la terre par son opération propre, il est possible d'extraire d'elle la lumière en acte et l'opération de n'importe quelle sphère. De ce fait, chaque dieu est procréé à partir d'elle, comme d'une sorte de mère. - De plus, les corps intermédiaires ont deux sortes de dispositions (habitudinibus). Vis-à-vis des corps inférieurs, ils ont le même rapport que celui existant entre le premier ciel et toutes les autres choses ; vis-à-vis des supérieurs, ils ont le même rapport que celui existant entre la terre et le reste des choses. Selon ce mode, chaque chose contient tout le reste.

14. La lumière (lux) est la forme (species) et la perfection de tous les corps, mais elle est plus spirituelle et simple dans les corps supérieurs, et plus corporelle et multipliée dans les inférieurs. Tous les corps n'ont pas la même forme, bien qu'ils soient tous issus de la lumière (luce), qu'elle soit simple ou multipliée, de même que tous les nombres n'ont pas la même forme, bien qu'ils soient dérivés de l'unité, par une multiplication plus ou moins grande.

15. Ce discours clarifie peut-être ce que l'on veut dire par "tous les êtres sont un par la perfection d'une lumière", et par "les choses qui sont plusieurs le sont par la multiplication variée de la lumière elle-même".

16. Or, du fait que les corps inférieurs participent selon la forme aux corps supérieurs, ils reçoivent le mouvement par le même pouvoir (virtute) moteur que celui par lequel les corps supérieurs sont mus. A cause de cela, le pouvoir (virtus) incorporel de l'intelligence, ou âme, qui meut la sphère première et suprême d'un mouvement diurne, meut toutes les sphères célestes inférieures par le même mouvement diurne. Mais, proportionnellement à leur infériorité, elles reçoivent ce mouvement de façon affaiblie, parce que l'affaiblissement et la moins grande pureté de la première lumière corporelle est proportionnel au degré d'infériorité de la sphère qui la reçoit.

17. Bien que les éléments participent selon la forme au premier ciel, ils ne sont cependant pas mus par le moteur du premier ciel en un mouvement diurne. Quoi qu'ils participent de cette lumière première, ils ne sont pas soumis au premier pouvoir moteur, puisqu'ils possèdent cette lumière de façon impure, affaiblie, éloignée de la pureté qu'elle a dans le corps premier et aussi parce qu'ils possèdent une densité de matière, qui est le principe de résistance et d'insoumission. Certains pensent néanmoins que la sphère du feu tourne en un mouvement diurne, et ils considèrent que le mouvement de rotation des planètes en est une preuve. Ils disent aussi que ce mouvement se poursuit jusque dans les eaux de la mer, et que c'est de là que provient le flux maritime. Mais tous les philosophes qui raisonnent correctement disent que la terre n'est pas touchée par ce mouvement.

18. De la même manière, les sphères qui viennent après la seconde - qui est d'ordinaire appelée la huitième, lorsque l'on compte de bas en haut - partagent toutes son mouvement, parce qu'elles participent de sa forme, et elles ont un mouvement propre en plus du mouvement diurne.

19. Parce que ces sphères célestes sont totalement actualisées et qu'elle ne sont pas susceptibles de raréfaction et de condensation, la lumière (lux) ne provoque pas en elles un éloignement des parties de matière par rapport au centre, afin de les raréfier, ni ne pousse ces parties vers le centre, afin de les condenser. De ce fait, les sphères célestes ne sont pas affectées d'un mouvement vers le haut ou vers le bas, mais seulement d'un mouvement circulaire. Celui-ci est issu d'un pouvoir moteur intellectuel qui, en réfléchissant en elles son regard (aspectus), les entraîne dans un mouvement circulaire. D'autre part, parce que les éléments ne sont pas totalement actualisés et qu'ils sont raréfiables et condensables, la lumière (lumen) qui est en eux les fait s'éloigner du centre, pour les raréfier, ou les fait s'en approcher, pour les condenser. A cause de cela, ils sont naturellement mobiles vers le haut ou vers le bas.

20. Dans le corps suprême, qui est le plus simple des corps, se révèlent quatre choses, à savoir la matière, la forme, la composition et le composé. - La forme, puisqu'elle est la plus simple, constitue l'unité. - La dualité est attribuée avec raison à la matière, à cause de sa double puissance, c'est-à-dire la capacité de recevoir et de soutenir des impressions, et aussi à cause de sa densité, qui lui appartient fondamentalement et par qui advient premièrement et principalement la dualité. - La composition est triple, parce qu'en elle apparaît la matière formée et la forme matériée (materiata), et la propriété de composition, qui dans chaque composé est découverte comme une troisième chose, distincte de la matière et de la forme. - Et ce qu'est le composé en propre est compris, en plus de ces trois choses, comme une quatrième. Il y a donc dans le premier corps, dans lequel se trouvent virtuellement tous les autres corps, une structure quaternaire, et c'est pourquoi le nombre de termes de la série des corps n'excède pas dix. En effet, l'unité de la forme, la dualité de la matière, la trinité de la composition et le caractère quaternaire du composé, font dix en étant additionnés. Pour cette raison, le nombre des sphères du monde est de dix, parce que la sphère des éléments est certes divisée en quatre, mais elle est cependant une par sa participation de la nature corruptible terrestre.

21. Il est manifeste à partir de cela que dix est le nombre parfait dans l'univers, parce que chaque tout parfait a quelque chose en lui comme la forme et l'unité, et quelque chose comme la matière et la dualité, et quelque chose comme la composition et la trinité, et quelque chose comme la composé et la structure quaternaire. Il n'est pas possible d'ajouter un cinquième terme à ces quatre. Pour cette raison, chaque tout parfait est de l'ordre de dix.

22. Il est de plus manifeste que seules cinq proportions découvertes dans ces quatre nombres, un, deux, trois, quatre, sont appropriées à la composition et à l'harmonie qui stabilisent chaque composé. C'est pourquoi seules ces cinq proportions sont harmonieuses dans les mélodies musicales, exprimées par des gestes et par des mesures rythmiques.

Ici s'achève le traité sur la lumière de l'Évêque de Lincoln


* Nous utilisons ce latinisme plutôt que de traduire par "commencement".