Groupe de travail sur Philosophie et médecine
Présentation
Projet de constitution d’un groupe de
travail sur Philosophie et médecine
Contacts :
Claire Crignon-De Oliveira : crideo@free.fr
Marie Gaille-Nikodimov : mariegaille@yahoo.fr
Annonces de colloques, séminaires et publications
L’idée de constituer un groupe de travail Philosophie
et médecine a pour origine le constat d’un travail effectué
par plusieurs membres du CERPHI, le centre d’études en rhétorique,
philosophie et histoire des idées (centre de l’UMR 5037 d’Histoire
de la pensée classique, CNRS), depuis plusieurs années, sur
des thématiques, des questions et des objets qui peuvent être
tous regroupés sous cette dénomination. Ce travail nous a
conduit à développer, également depuis quelques années,
au-delà du CERPHI et sur une base individuelle, des relations avec
des chercheurs travaillant sur l’histoire de la médecine en
archéologie, en lettres, en philosophie ou en histoire des sciences,
de l’Antiquité aux Lumières et avec des spécialistes
des questions contemporaines liant morale et santé, politique et
santé, identité personnelle et génétique, etc.,
travaillant sous les bannières du droit, de la bioéthique,
de la philosophie appliquée, de la philosophie politique, de la philosophie
morale, de la philosophie tout court, , de l’épistémologie,
de l’histoire des sciences, de l’anthropologie et de la sociologie.
Aujourd’hui, nous estimons important et nécessaire à la progression de notre travail de formaliser ces liens dispersés et de proposer un cadre qui permette l’échange entre des personnes liées par le partage d’interrogations communes. Notre intention est également de constituer une base de relais d'informations, à la fois en direction des départements de sciences humaines dans les Facultés de médecine et les autres centres de recherche, qui à titre principal ou non, s'occupent de questions liées à la relation entre philosophie et médecine.*
À cette fin, nous souhaitons constituer une sorte d’annuaire des chercheurs : ceux qui souhaiteraient faire partie de ce groupe de travail pourraient y décrire leurs objets, leur corpus d’étude (ou leurs matériaux), leurs outils bibliographiques (Annuaire PhiMéd). Il sera hébergé sur le site du CERPHI, étant bien entendu qu’il peut accueillir des informations relatives à des chercheurs qui n'y sont pas rattachés.
Face à des questionnements sur les pratiques liées à l'exercice de la médecine et de la recherche biomédicale aujourd'hui, l'objectif de ce groupe serait de proposer un éclairage de longue durée des interrogations, prises de position et problèmes contemporains. L'histoire de la philosophie, des sciences, de la médecine elle-même, mais aussi de la pensée politique, morale et anthropologique peut en effet contribuer de façon précieuse, en la mettant en perspective, à éclairer le sens d'une question et les implications des différentes réponses qui lui sont données. On voudrait par exemple s'intéresser aux ressources offerte par l'histoire et la conceptualisation philosophiques pour poser des questions relatives au phénomène de médicalisation de l’existence et aux normes morales et politiques qui l’accompagnent, la fondent et l’orientent.
Par ailleurs, nous estimons nécessaire, en nous intéressant aux pratiques liées à l'exercice de la médecine ou de la rechercher biomédicale, d'avoir une pratique philosophique réfléchie. En effet, on ne peut en toute innocence s'intéresser philosophiquement à la médecine au sens où philosophie et médecine ont historiquement nouées des liens forts et où la médecine, par son langage, son mode de raisonnement, la vision de l'homme qu'elle a contribué à bâtir, a pénétré le propos philosophique. Aussi, la tâche est-elle aussi de mettre en évidence et d'éclairer les trois aspects suivants :
- la « tradition médico-philosophique
»
L’expression de « tradition médico-philosophique »
est de J. Pigeaud (Les maladies de l’âme à l’âge
antique). Elle renvoie à la réflexion que les médecins
proposent eux-mêmes au sujet du savoir et des pratiques médicales
et de la place que la médecine doit tenir dans l’existence
des individus. Ainsi par exemple Galien fait partie de ces médecins
qui considèrent que la médecine doit toujours accompagner
la philosophie et que le philosophe doit aussi se faire médecin ou
le médecin philosophe. On peut aussi renvoyer, sur ce thème,
à l’œuvre de P.Pinel et à son Traité
médico-philosophique sur l’aliénation mentale.
Quels sont les moments marquants de ce qu’on peut considérer
comme une « tradition médico-philosophique » ? Comment
médecine et philosophie ont-elles dialogué depuis l’antiquité
? Cette tradition est-elle vivante aujourd’hui ? Quel rapport peut-on
établir entre la problématique de l’âme et du
corps et le divorce ou au contraire la fusion entre médecine et philosophie
? Par ailleurs, on pourra se demander, quels modèles (politiques,
religieux, esthétiques) cette tradition médico-philosophique
a offerts aux autres discours (qu’il s’agisse de l’anatomie,
de la dissection, du régime…).
- le rôle de la médecine dans l'élaboration
d'une anthropologie philosophique
Dans quelle mesure peut-on considérer que les connaissances médicales
ou la pratique médicale ont pu contribué à faire émerger
des problématiques philosophiques spécifiques, ou contribué
à transformer de manière significative un débat, un
problème ? Par exemple, quelles ont été les conséquences
de la pratique de l’anatomie dans les représentations et les
conceptions philosophiques de la nature de l’être humain ? Ou
bien encore, quel est l’effet philosophique de la découverte
du principe de la circulation du sang par W. Harvey ? Dans ce questionnement,
la part anthropologique de la réflexion philosophique, avant que
l’anthropologie n’émerge comme une discipline à
part entière et après l’avènement de celle-ci,
occupe une place centrale. Par ailleurs, quelques catégories, telles
que celle de la norme, nous semble devoir faire l’objet d’un
traitement privilégié dans l’analyse de cette interaction
entre médecine/philosophie/anthropologie.
- la nature des usages philosophiques du discours
et du savoir médical
Cet usage est-il métaphorique, paradigmatique, autre ? La médecine
ne fait-elle que fournir des images à la pensée philosophique,
ou bien peut-on repérer un rapport plus étroit, des raisons
plus profondes de rapprocher médecine et philosophie ? Quelles sont
ses sources en la matière ? Quel est le degré de familiarité,
variable selon les époques, des philosophes avec les formes et les
genres d’écriture médicale (autobiographies médicales,
traités d’hygiènes, traités d’anatomie,
etc.) ? Le raisonnement casuistique, l’analyse clinique constituent-ils,
entre autres, des modèles pour la pensée philosophique, et
si oui, à propos de quel objet ?