Publications des associés du CERPHI


Le principe d'obligation
(sur une aporie de la modernité politique)

Bruno Bernardi

 

Collection « Contextes », Paris, Vrin / EHESS, 2007. 333 p., 35 euros.

En faisant du consentement la marque de la souveraineté et du libre examen le fondement du devoir moral, la modernité met l'individu à la source de sa propre obligation. C'est devoir le délier pour qu'il puisse se lier. L'obligation apparaît ainsi comme le principe et le problème constitutif de la modernité politique.

Cet essai d'histoire conceptuelle montre comment, de Bodin à Rousseau, dans la tradition jus naturaliste comme chez ceux qui la contestent, la question de l'obligation est la question commune : comment obliger une volonté libre ? L'école du droit naturel, dont les doctrines des droits de l'homme ont hérité, fonde l'obligation politique sur l'obligation morale. Rousseau lui oppose la double nécessité d'un fondement sui generis de l'obligation politique et de la production sociale du sentiment d'obligation.
Alors que s'épuise le pouvoir de cohésion des communautés d'appartenance et que s'avère exorbitant de demander à l'obligation morale de former le lien social, nos sociétés ne sont-elles pas confrontées à la difficulté qu'elles se sont créée : devoir tirer du mode d'existence politique de leurs membres le sentiment du lien sans lequel la société se défait ?

Table des matières :

Introduction. Carrefour de l'obligation.

Chap. I. Le labyrinthe et le fil d'Ariane: sur une hypothèse de Rousseau.

Chap. II. Souveraineté et obligation: Bodin et le détrournement du droit romain.

Chap. III. Obligation et devoir: Grotius et la subreption jusnaturaliste.

Chap. IV. La querelle de l'obligation: Pufendorf, Leibniz et Barbeyrac.

Chap. V. Consécration et crise du droit naturel: Burlamaqui et l'Encyclopédie.

Chap. VI. Obligation morale et obligation politique: le partage de Rousseau.

Conclusion: Entrer dans la modernité?