Publications des associés du CERPHI


CONTINGENCE ET NÉCESSITÉ DES LOIS DE LA NATURE AU XVIIIe SIÈCLE
La philosophie seconde des lumières

André CHARRAK

"Bibliothèque d'histoire de la philosophie", Vrin, 2006



Le scepticisme de Hume ne dit pas toute la vérité de l’empirisme des Lumières, qui ne renonce pas inévitablement à une conception forte de la nécessité dans le monde. Au milieu du XVIIIe siècle, les philosophes se réclamant de Locke et de Newton interrogent le statut modal des lois de la nature et se demandent si elles pourraient s’avérer aussi nécessaires que les vérités mathématiques. Ils critiquent les thèses de Leibniz sur la nécessité ex hypothesi des lois et se prononcent sur leur révision wolffienne : d’une manière très cohérente, c’est finalement le concept central de monde possible qui se trouve congédié. Cette histoire, essentielle pour approfondir notre compréhension du problème de la connaissance à cette époque, se joue autour de Maupertuis, qui a la Théodicée sous les yeux lorsqu’il écrit son Essai de cosmologie ; de l’Académie de Berlin, dont le présent ouvrage étudie certaines archives inédites ; de d’Alembert et de Kant, enfin, qui en thématisent les enjeux fondamentaux. Tous ces débats éclairent ce qu’il convient de désigner comme la philosophie seconde des Lumières. Car l’idée de nature, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, et du fait même de la recherche d’une nécessité supérieure dans les phénomènes, impose toujours de situer la philosophie naturelle par rapport à la métaphysique et, parfois, de poursuivre l’une par l’autre. En témoignent les longues discussions qui portent sur la théologie physique, c’est-à-dire sur le rapport de l’intelligence souveraine à l’ordre du monde, aux lois qui le régissent et à ses manifestations empiriques.

André Charrak est actuellement maître de conférences à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et membre de l’UMR 5037 du CNRS
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