Publications des associés du CERPHI


ESTHÉTIQUES DE L'AUFKLÄRUNG

Stefanie Buchenau et Elisabeth Décultot (éd.)

Revue germanique internationale, 4/2006, "Lire l'Allemagne", CNRS-Editions


Présentation

Participant à un mouvement de pensée qui excède sans doute très largement le 18e siècle et l'espace germanophone, les penseurs allemands de l'Aufklärung contribuent d'une manière décisive à la constitution de la discipline esthétique. En s'efforçant, en philosophes, de fonder tous les arts sur un principe commun, ils bousculent l'ancienne classification des arts libéraux et mécaniques et participent à la naissance du concept d'art ou de Beaux-arts, entendu au sens moderne. Réciproquement, cet avènement de l'art affecte l'auto-compréhension de la philosophie qui, pour la première fois, intègre dans son architectonique une philosophie des arts ou une esthétique. Le processus qui préside à cette "invention" de l'esthétique est complexe et s'étend sur une longue période. Il met en jeu un nombre considérable d'acteurs et de doctrines, une multitude d'arguments et d'orientations. Entre 1720 et 1780, ce mouvement voit le jour en Allemagne au sein de l'école wolffienne, puis se développe avec Mendelssohn, Sulzer et Herder notamment. Le phénomène est hétérogène, marqué par des querelles parfois vives, nourri d'influences anglaises, françaises ou italiennes.
Souvent jugées avant d'être lues ou étudiées, méconnues dans leur détail, ignorées dans leur soubassement philosophique, ces doctrines esthétiques pré-kantiennes ont suscité des résistances et des critiques nombreuses qui viennent généralement de ce que les commentateurs projettent sur elles des paradigmes et des normes esthétiques qui leur sont étrangers (de type kantien, romantique ou autre).
L'ambition du présent numéro est de restituer aussi fidèlement que possible les intentions et le contexte historico-philosophique de ces premières doctrines esthétiques de l'Aufklärung, afin de mieux en évaluer les possibilités théoriques.