Publications des associés du CERPHI
(Théories
et critiques des passions I)
Sous
la direction de Bernard Besnier, Pierre-François Moreau, Laurence Renault
PUF,
collection "Léviathan", 310 pages
Les
passions ont une longue histoire, dans la philosophie comme dans la politique,
le théâtre ou la religion. Sous l'apparente continuité
des termes, cette histoire est faite de ruptures, mais aussi de remaniements,
de reprises et de controverses sur les héritages. Exemples, références
et discussions topiques réapparaissent régulièrement,
et régulièrement dans des contextes nouveaux qui leur donnent
des sens différents et des enjeux parfois opposés. Il existe
peu de thèmes sur lesquels les matériaux les plus anciens ont
été relus avec plus de constance et transformés avec
plus de vigueur.
La
colère et l'amour, la crainte et l'espoir, la sympathie et la pitié
expliquent, dit-on, les actions des hommes et permettent de comprendre pourquoi
elles ne sont pas toujours rationnelles. Mais ces passions permettent aussi
d'agir sur les hommes, comme font le poète et l'orateur. Et c'est par
elles - ou contre elles - que l'individu peut être conduit au bonheur,
ou au salut, ou à la vie dans la société civile. La connaissance
des passions apparaît dès lors essentielle à la connaissance
de l'homme, qu'il faille les éradiquer, ou les mettre au service de
la raison, ou leur faire confiance pour remplacer celle-ci. Décriées,
admirées, analysées, elles font donc l'objet de nombre d'écrits
théoriques - sous la plume des philosophes comme sous celle des médecins
et des théologiens, sans compter les innombrables érudits qui
s'interrogent sur la catharsis pour tenter de comprendre l'essence de la tragédie.
Ce
volume, qui reprend notamment les actes de deux colloques organisés
par le CERPHI (UMR 5037 du CNRS/ ENS LSH) étudie les deux premiers
épisodes de cette histoire : l'émergence du discours sur les
passions dans la Grèce antique et à Rome, depuis Platon et Aristote
; sa reprise transformée au Moyen- Age. Mais il considère aussi
comment ces discours anciens perdurent, sont discutés, modifiés,
contredits jusqu'au cœur de l'âge classique. Il s'agit donc aussi
de relire les Stoïciens vus par Galien, Epicure par Gassendi, Augustin
par Thomas d'Aquin et Senault, Duns Scot par Descartes ou Malebranche.