Les passions à l'âge classique
Enquête autour d'une peinture
du musée Jean Calvin de Noyon :
La Mercuriale tenue aux Grands-Augustins à Paris le 10 juin 1559
(Allemagne, fin du XVIème siècle)
Frédéric Panni
Cette séance ne prétend pas traiter
d'idées mais d'objets. Une série de peintures, deux recueils
de gravures et un ensemble de textes imprimés ont révélé
des rapports matériels inédits au cours de l'enquête,
encore inachevée, suscitée par l'acquisition en 1997, d'un
important tableau de la fin du XVIème siècle. Il s'agit
au départ d'une étude traditionnelle en histoire matérielle
de l'art : observation et analyse matérielle de l'oeuvre, identification
des sources, recherches des oeuvres de comparaison, hypothèses
sur la commande et les conditions de l'exécution de l'oeuvre. Mais
elle prend un tour particulier en raison du sujet des représentations,
dans le contexte de la recherche historique actuelle.
Le corpus des oeuvres étudiées concerne la Réforme francophone dans la seconde moitié du XVIème siècle, dont l'historiographie se renouvelle depuis plusieurs années dans des directions qui peuvent être intéressantes pour un conservateur de musée d'histoire qui doit pouvoir éviter deux écueils : faire des objets un simple prétexte au discours historique, et détacher les objets de leur valeur historique en les considérant plutôt comme des oeuvres d'art. Les recherches historiques récentes menées dans le domaine de la bibliographie matérielle, et aussi dans celui des mentalités et des représentations, permettent d'appréhender l'histoire de la Réforme du point de vue de la culture matérielle des réformés. L'existence même d'images, dont la Réforme française est pourtant fort avare, leur diffusion et leur réception par le public, sont des questions qui importent autant que l'analyse du sens de ces images. Il s'agit de rendre à la matière historique une épaisseur, une certaine opacité qui peut introduire à la complexité des comportements des acteurs de l'histoire.
Eléments de bibliographie :