Les passions à l'âge classique
L'exposé s'appuiera essentiellement sur une présentation
du travail mené depuis une trentaine d'années au Centre
de recherche philologique de Lille, fondé par Jean Bollack, replacé
dans la perspective théorique qui est la sienne. L'orientation
y est celle d'un retour à la lettre des grands textes, contre la
vulgate dont, en particulier, l'histoire de la philosophie se contente
trop souvent. Mais cette attention critique à la lettre est liée
à une problématisation de l'interprétation qui retrouve
les exigences de l'herméneutique telle qu'elle est comprise chez
Schleiermacher comme théorie philosophique des objets historiques.
Elle s'accompagne d'une critique des traditions interprétatives,
dont l'histoire de la philologie fait apparaître les conditionnements.
Entre herméneutique et critique, on s'interrogera sur les apports et les limites qu'une telle "science des oeuvres" pour l'histoire de la philosophie. Si l'attention exclusive au contenu doctrinal des philosophies au détriment des textes dans lesquels ils se donnent a pu entraîner un oubli de l'historicité, les philosophies étant conçues comme des absolus intemporels, la seule reconstitution des significations d'une oeuvre ne rend pas compte de tous ses enjeux philosophiques : il faut en effet passer de la question de la signification à celle de la vérité. Contre la réduction historiciste des oeuvres philosophiques à l'histoire des idées et contre leur absorption dans l'expérience herméneutique de la vérité, courante chez les tenants de "l'herméneutique philosophique", je plaiderai pour leur articulation en me fondant sur l'idée de conflit des interprétations.
Philologie et histoire de la philosophie : éléments bibliographiques.