Groupe de travail sur la question théologico-politique et la tolérance
Tolérance et germes de sécularisation chez J. Claude
Nicolas Piqué
10 janvier 1998
A partir de l'oeuvre de J. Claude (1685), nous nous sommes proposés de
vérifier une hypothèse de travail déjà formulée
dans l'analyse des textes de P. Jurieu : la justification de la tolérance
renvoie à la possibilité d'une distinction entre sphères
religieuse et mondaine, cette justification renvoyant à son tour à
une anthropologie qui la rend pensable. Disciple de l'école de Saumur
(variante française du calvinisme, qui l'infléchit dans le sens
d'une minorisation de la prédestination via une réévaluation
du rôle de la raison), J. Claude insiste en effet sur l'autonomie et la
spécificité de l'alliance de nature, pacte que Dieu noue avec
Adam et qui résiste à la chute. C'est cette référence
à une naturalité qui fonde la possibilité d'une autonomie
du champ politique séculier.
De Claude à Jurieu se mettent ainsi en place deux logiques opposées : l'une liant chez Claude défense de la tolérance, principe de distinction entre religion et politique et anthropologie sauvegardant la raison naturelle; l'autre mettant en relation chez Jurieu, critique de la tolérance, unification des champs religieux et politique et anthropologie insistant sur la dépendance à l'égard de Dieu.