Centre d'Études sur Giambattista Vico
L'état de la recherche française sur la philosophie de Vico expliquait cette exigence : la France est en effet longtemps restée en marge du renouveau d'intérêt qui a conduit, aussi bien en Italie qu'aux États-Unis ou encore, et plus récemment, en Espagne, au progrès des traductions à la multiplication des études. A ce jour, il n'existe pas de traduction satisfaisante de l'oeuvre maîtresse de Vico, les Principes d'une science nouvelle relative à la nature commune des nations, ni d'étude importante sur sa pensée. Cette situation est d'autant plus curieuse que c'est à un Français, Michelet, que l'Europe doit la redécouverte (ou même la découverte) de Vico dans la première moitié du XIXème siècle.
Notre initiative a reçu son impulsion initiale de Pierre-François Moreau, qui a bien voulu accueillir le Centre Giambattista Vico au sein du C.E.R.P.H.I., et elle a été d'emblée appuyée par André Tosel (Université de Paris I). Paolo Cristofolini (E.N.S Pise) et le Centro di Studi vichiani de Naples, associés au projet, l'ont immédiatement soutenue. Enfin, elle a été très vivement encouragée par Alain Pons, qui, pour en avoir longtemps éprouvé seul les inconvénients, était fort conscient de la nécessité de remédier à la situation des études vichiennes en France; sa traduction de la Vie de Giambattista Vico écrite par lui-même, de Lettres et du discours sur La méthode des études de notre temps (Paris, Grasset, 1981) et ses nombreux articles étaient en soi une incitation. C'est sous sa présidence que le Centre Giambattista Vico a commencé ses travaux.
L'organisation matérielle de nos travaux a été grandement favorisée par la bienveillance de Pietro Corsi, directeur de l'Institut culturel italien de Paris. Depuis septembre, l'Institut, sis rue de Varenne met à notre disposition divers moyens matériels (salle de réunion, boîte aux lettres, photocopieuse) extrêmement précieux. Dans ces conditions, nous avons pu donner une identité précise à notre centre; après avoir constitué un fichier d'adresse, nous avons été en mesure de diffuser largement un courrier annonçant sa création. L'Institut abrite aussi la bibliothèque du Centre, formée grâce aux dons du Centro di studi vichiani et d'Alain Pons; jointe au fonds propre de l'Institut, sans être confondue avec lui, elle constitue un outil de travail à terme irremplaçable. Tous les volumes de l'édition nationale de Vico y figurent notamment, ainsi que la reproduction anastatique de la dernière version de la Science nouvelle et l'Index de fréquence et de concordance qui l'accompagne.
Dans ces conditions, nos travaux ont commencé sous les meilleurs auspices. Ils ont porté principalement sur la traduction de la première des Leçons inaugurales que Giambattista Vico, en qualité de professeur de rhétorique, a prononcée devant l'Université Royale de Naples. Ces séances de travail furent à chaque fois, en elles-mêmes et par les discussions qu'elles suscitaient, l'occasion d'échanges, de confrontations et d'éclaircissements mutuels sur différents points fondamentaux de la pensée vichienne. Des étudiants inscrits en maîtrise sous la direction d'André Tosel y ont ponctuellement participé, nous amenant ainsi à élargir ou à généraliser le champ de nos débats et à vérifier in concreto l'intérêt et le bénéfice effectifs de la constitution de notre centre.
En dehors de ce travail régulier, le colloque sur "Vico entre l'Italie et la France dans les orientations actuelles de la recherche", qui a eu lieu à Naples et Vatolla les 13 et 14 février derniers, à l'initiative du Centro di Studi Vichiani, a été l'événement marquant de l'année 1997-1998. Mis sur pied par Manuela Sanna et coordonné par Giuseppe Cacciatore, Paolo Cristofolini, Alain Pons, Pierre-François Moreau et André Tosel, il nous a permis de faire le point sur nos recherches respectives et des les soumettre, en milieu "vichien", à l'appréciation de nos amis italiens. L'occasion nous a ainsi été donnée de nouer ou de renouveler des liens personnels avec les vichiens de Naples et plus généralement d'Italie.
Dans la lancée de ce colloque, des projets ont été esquissés et les contacts se sont maintenus ou développés. Grâce au courrier électronique, nous communiquons fréquemment avec les membres du Centro di Studi Vichiani; ils ont ainsi pu rapidement éclairer les énigmes rencontrées dans la traduction de la première Leçon inaugurale; celle-ci, achevée, leur a été soumise par ce même moyen. Des échanges sont en vue, qui rééquilibreront en faveur de nos amis napolitains le déséquilibre manifeste de nos déplacements massifs vers Naples : après Maurizio Martirano, présent en juillet, Manuela Sanna et Alessandro Stile ont le projet de venir à Paris et d'y mener leurs recherches personnelles. Dans le domaine proprement vichien pour finir, le Centre a eu le plaisir d'accueillir Sabine Marienberg, élève de Jürgen Trabant, et d'établir, par son intermédiaire, des liens avec le côté allemand des études vichiennes.