Philosophies biologiques et
médicales à l'âge classique
Nous proposons de prolonger le groupe de travail sur les philosophies biologiques
et médicales à l'âge classique par la création
d'un groupe sur les philosophies de la vie.
Nos objectifs qui prennent en compte
les réflexions biologiques, médicales et sociologiques sur la
vie ainsi que les diverses philosophies de la vie souhaitent rassembler et
diffuser des recherches qui peuvent être menées ici et là
pour élaborer un travail collectif dans un domaine encore très
éclaté. Nous désirons promouvoir une véritable
transversalité des domaines en associant philosophes, biologistes,
médecins, épistémologues, historiens des sciences humaines.
Notre méthode de travail
qui tiendra compte des interventions de chaque membre du groupe et des débats
qui en résulteront, se propose plusieurs objectifs théoriques
et historiques :
- Déterminer les conditions d'émergence
philosophiques et épistémologiques de l'idée de vie
au 18e siècle. Dans le sillage du livre de Michel Foucault, Les
mots et les choses, nous chercherons à comprendre comment le
passage de l'histoire naturelle de Tournefort, Linné et Buffon
à la biologie de Bichat et Cuvier correspond à l'émergence
de la catégorie de vie dans le discours philosophique. Cette émergence
suppose un long travail de repositionnement des principaux concepts relatifs
à l'idée de vie à l'âge classique. C'est ainsi
que des auteurs comme Diderot ou Hume peuvent bénéficier
d'une relecture à partir de l'idée de vie comprise en son
soubassement épistémique mais aussi en ses effets politiques,
moraux, etc.
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Chercher à mieux cerner
les relations nouvelles en philosophie entre vie et être. Ce qui
revient, d'une part, à sonder les raisons de l'apparition d'un
vitalisme ontologique dans les grandes philosophies de la modernité.
Ce qui revient, d'autre part, à examiner si la vie peut authentiquement
être pensée dans le cadre d'une ontologie. Deux types de
questionnements sont liés à une réflexion sur les
rapports entre être et vie. Un premier questionnement s'efforcera
de déterminer dans quelle mesure l'idée de vie, au XIXème
et au XXème siècles, conduit à une reformulation
d'une analyse de l'être compris comme être-en-vie. Dès
lors que le point de vue du vivant autorise un accès à l'être,
les représentations de l'être semblent soumises à
des perspectives vitales qui en infléchissent le sens. Un deuxième
questionnement concerne l'obturation de l'être par la vie. Ne peut-on
voir dans le développement de l'idée de vie au XIXème
siècle l'élaboration d'une philosophie qui ne passe plus
par le sens de l'être? Comme si les catégories du vital,
maladie, santé, création, perturbation, normes, impliquaient
un nouveau style de philosopher, attentif non seulement aux diverses formes
de la vie mais aussi aux déterminations sociales de la vie.
-
S'efforcer de comprendre
les liens entre le vital et le social dans le cadre des différentes
philosophies de la vie de Comte à Canguilhem. L'idée comtienne
de l'organisation, à titre d'exemple, induit une pensée
de la société comme organisme social. Une philosophie de
la vie court ainsi le risque théorique de réduire l'organisation
sociale à l'organisation vitale et de dissoudre la spécificité
des institutions sociales. Nous chercherons à mieux comprendre
de telles relations entre vie et société à travers
les philosophies françaises de Comte, Maine de Biran, Cournot,
Bergson, Canguilhem, Simondon... mais aussi dans d'autres traditions de
pensée, allemande (Schopenhauer, Nietzsche par exemple), anglaise
(Mill, l'utilitarisme).
-
Mieux saisir l'idée
de vie au carrefour de la philosophie, de la médecine et des sciences
humaines. Il nous parait essentiel que l'idée de vie contribue
à des rectifications philosophiques (notamment dans les trois domaines
évoqués ci-dessus) à partir des effets philosophiques
produits par le discours médical et le discours des sciences humaines
telles que la psychopathologie, la psychologie du travail, la psychanalyse
ou certains dispositifs sociologiques, économiques... Ainsi la
théorie darwinienne de l'évolution et les pensées
qui ont découlé du darwinisme (darwinisme social, sociobiologie...)
ont pu conduire à un eugénisme dont les effets sociaux sont
à repenser sur un mode critique. L'ambition est ici, en invitant
des chercheurs en sciences humaines, en médecine, d'insister sur
le caractère transversal de l'idée de vie et sur les rectifications
philosophiques que ce caractère transversal impose.
Ces différentes directions
de travail ne sont nullement exhaustives et seront vivifiées par l'étude
d'un thème sur une ou plusieurs années dont je propose de débattre
avec les différentes personnes intéressées lors de la
première rencontre du groupe, en vue de l'élaboration d'une
ou deux journées de recherche à venir. A titre d'exemples, nous
pourrions travailler sur le thème de la mélancolie ou de la
santé à partir d'un repérage de ces notions au XVIIIème
siècle, d'une détermination de ces notions dans les philosophies
du XIXème et du XXème siècle, de leur poids social et
de l'interrogation sur les frontières entre philosophie, médecine
et sciences humaines qu'impliquent ces notions. Naturellement le corpus et
les axes de recherche varieront en fonction des intérêts de chacun.
Si ce cadre initial vous intéresse,
nous serons heureux de travailler avec vous, d'autant que nous attendons suggestions
et propositions. Nous proposons une première séance fixée
à l'Institut d'Histoire des sciences samedi 18 mars à 14h. Outre
le programme des prochaines séances qui sera envisagé, une communication
de Pierre Ancet est prévue sur le thème, "Geoffroy Saint-Hilaire
et la perception des monstres". Ceux qui sont intéressés peuvent
dès à présent nous contacter afin que nous puissions
transmettre une série de textes de Saint-Hilaire, en préparation
à la séance du 18 mars.
Ce groupe de travail prend la suite de l'ancien groupe consacré
aux sciences biologiques et médicales à
l'âge classique, animé par Céline Lefève
et Aurélie Suratteau-Iberraken de 1997 à 1999.
Vous pouvez consulter :
- le bilan
des années précédentes
- le programme de l'année en cours
Responsables :