Notices bio-bibliographiques
Pietro Pomponazzi
Né à Mantoue en 1462. Etudes de médecine
à Padoue où il enseigna la philosophie de 1488 à
1509 (où il a pour adversaire Alessandro Achillini qui le suivra
à Bologne) puis passa à l'Université de Ferrare et
à celle de Bologne. Dans le De Immortalitate Animae (1516)
il part de la conception aristotélicienne de l'âme forme
du corps et s'oppose à l'averroïsme
chrétien (qui pose l'immortalité de l'intellect actif).
En s'inspirant d'Alexandre d'Aphrodise, Pomponazzi considère l'âme
comme une faculté incorporelle de réflexion, inséparable
du corps et mortelle comme lui. Selon lui, le dogme de l'immortalité
est une décision du législateur qui a cherché à
amener les hommes à la vertu et non à la vérité.
L'Eglise réagit : le concile de Latran condamne l'averroïsme
en 1512, l'ouvrage de Pomponazzi est brûlé à Venise,
le pape Léon X charge Contarini et Nifo de réfuter Pomponazzi,
lequel réplique par la théorie, averroïste elle aussi,
de la double vérité, consacrant ainsi la rupture entre raison
et foi, entre science et autorité. De droit la vie morale devient
immanente, et les actions ne trouvent qu'en elles-mêmes leur récompense
ou leur châtiment. Les deux autres thèmes de prédilection
de Pomponazzi sont les miracles et les prodiges dont il nie l'existence,
les ramenant à des fruits de l'imagination et de l'espoir, et les
réinscrivant dans un ordre général de l'univers dont
nous ne connaissons pas toute la perfection (De naturalium effectuum
admirandorum causis seu de incantationibus liber, 1556). Il s'en prend
également à la thèse d'une intervention arbitraire
de Dieu : il ramène la toute puissance de Dieu à la loi
universelle de la nature et défendant une théodicée
de type stoïcien (De Fato, libero arbitrio et de praedestinatione,
1520). Pomponazzi recueille les fruits d'une longue tradition critique
médiévale appliquée à la restitution des textes
d'Aristote. Son rationalisme et son matérialisme influencèrent
la Renaissance italienne et française jusqu'au XVIIè siècle.
Sa pensée sera prolongée par celle de ses élèves
: Girolamo Bagolino, titulaire de la chaire de philosophie puis de médecine
à partir de 1522 à Padoue ; Antonio Zimara, qui occupe la
chaire de philosophie à partir de 1524 ; Lazzaro Bonamico, titulaire
de la chaire de littérature et de grec en 1530. Ce dernier, ami
de Bembo, maître de Bunel, de Dolet
et de Longueil, commente et continue l'oeuvre de Pomponazzi, surtout en
physique.
Ferri L. : La psicologia di P. Pomponazzi, Roma, 1877 (contient le commentaire de Pomponazzi sur le De Anima d'Aristote).
Busson H. : Les Enchantements de P. Pomponazzi, trad. avec intro. et notes, Paris, 1930.
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a cura di A. Poppi, Padoue, 1966.
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