Philosophies de l'humanisme
La Métaphysique de la lumière au moyen âge
Didier Ottaviani
Introduction : Les origines de la question
La question de la lumière
ouvre sur une problématique métaphysique originale,
qui a connu au moyen âge de nombreux développements
et dont Saint Thomas se fait parfois l’écho.
En pensant la lumière selon un dualisme qui la fait
être à la fois physique (la lumière
du soleil par exemple) et métaphysique (la lumière
comme expression de Dieu, énoncée par le fiat
lux), les auteurs du moyen âge ont tenté
de résoudre la question métaphysique à
partir d’une analogie avec la lumière sensible.
En montrant en effet que les mêmes rapports permettent
de penser les radiations lumineuses sensibles et suprasensibles,
ils ont mis en place la possibilité d’une remontée
du créé vers son Créateur. Mais Pour
comprendre la problématique liée à
la question de la lumière, il faut faire un retour
vers les origines des concepts que le moyen âge va
abondamment utiliser. La plupart des textes de la philosophie
grecque n'étant plus disponibles avant le XII°
siècle, les médiévaux vont utiliser
les œuvres qui leur sont accessibles. Platon est essentiellement
connu par le biais de ses commentateurs, et sa philosophie
se voit remplacée par ce que l'on a appelé
le néoplatonisme.
Le néoplatonisme naît avec la philosophie plotinienne
; nous ne pouvons développer ici que quelques rapides
approches sur cette philosophie. Il faut remarquer que Plotin
opère un retour à Platon, par-delà
Aristote, et qu'il s'inspire essentiellement des aporie
du Parménide, plutôt que du Timée.
Mais les difficultés du texte de Plotin ne sont pas
toujours correctement interprétées par ses
lecteurs du moyen âge, et l'on va assister à
une dérive de ses concepts, à une recomposition
de son texte à la lumière du christianisme.
Ainsi, les auteurs médiévaux ne disposent
comme texte platonicien que d'un fragment du Timée
(17 a-53 c), traduit par Chalcidius vers les III°-IV°
siècles. Les apories du Parménide
orientent Plotin vers une question fondamentale : comment
l'intelligible est-il présent dans le sensible ?
Nous ne développerons pas ici la strict pensée
plotinienne, très complexe, mais la manière
dont les auteurs du moyen âge qui vont le lire vont
la comprendre. Ils retiennent l'idée de trois hypostases
(1), l'Un, l'Intellect
et l'Âme, qu'ils vont présenter dans un rapport
hiérarchique. L'Un est chez Plotin au-delà
de l'être, et on ne peut de ce fait rien en dire,
il est ineffable. Rapidement, l'Un va être assimilé
au Dieu créateur du christianisme. De cette ineffabilité
naît ce que l'on a appelé la « théologie
négative », dont nous pouvons prendre deux
exemples :
– Grégoire de Nysse (IV°) interprète
l'ineffabilité du divin à partir du passage
biblique relatant la montée de Moïse sur le
Sinaï, alors que Dieu lui apparaît comme une
Nuée, une fumée obscure. Dieu se caractérise
dans la Bible à la fois comme colonne de feu (lumière)
et comme nuée (obscurité), et c'est à
partir du second symbole que Grégoire de Nysse va
développer sa symbolique. Il est en effet écrit
dans le livre de l'Exode :
Le Seigneur lui-même marchait à
leur tête : colonne de nuée le jour, pour leur
ouvrir la route – colonne de feu la nuit, pour les
éclairer ; ils pouvaient ainsi marcher jour et nuit.
[13, 21]
Le Seigneur dit à Moïse : « Voici, je
vais arriver jusqu'à toi dans l'épaisseur
de la nuée, afin que le peuple entende quand je parlerais
avec toi et qu'en toi aussi, il mette sa foi à jamais
». [19, 9]
Dans les sacrements religieux, la nuée est devenue
le nuage d'encens, que l’on répand autour de
l’autel. Grégoire de Nysse part de cette interprétation
de la présence de Dieu comme nuée pour penser
l'union à Dieu comme épectase, c'est-à-dire
que l'homme a à se « jeter » en Dieu,
au fond de cette nuée, sans savoir ce qui l'attend.
Cette « chute » métaphysique représente
la foi absolue de l'homme, qui accepte de se jeter dans
l'inconnu de la nuée parce qu'il sait que Dieu est
là pour le soutenir. Dans cette symbolique, le divin
est obscurité, et son inconnaissance vient de l'obscurité
qui le recouvre. On ne peut donc jamais que cerner la nuée
par des concept, mais aucun de ceux-ci ne peut prétendre
définir la nuée, qui ne peut donc être
saisie que par un acte de foi. En ce sens, la métaphysique
n’est pas une science qui peut trouver son achèvement
dans la démonstration scientifique, mais elle est
une pure intuition, par laquelle l’individu réalise
une union mystique avec son Créateur.
– Le Pseudo-Denys de l'Aréopage (V°-VI°
siècles ?) prend l'interprétation inverse,
celle de Dieu comme Lumière absolue, d'une intensité
telle qu'elle ne peut être directement fixée.
Dès lors, il n'est pas possible non plus d'utiliser
des concepts pour tenter de comprendre cette lumière,
et ce n’est que par voie négative, ainsi que
le pensait déjà Plotin, que l’esprit
peut s’élever vers le Principe, ainsi que nous
le verrons par la suite.
Pour en revenir à Plotin, il faut aussi noter que
sa conception de l'Un comme au-delà de l'être
fait que l'on ne peut l'atteindre que par négation
: on ne peut atteindre l'Un que par la négation de
tous les attributs de l'être. Cette conception de
l'Un découle du Bien tel qu'il est pensé par
Platon : en effet, le platonisme réservait une place
privilégiée à la Forme du Bien, qui
est aussi le Vrai, le Beau et l'Un, en montrant que cette
Forme ne jouait pas le même rôle que les autres
dans le Monde des Idées : c'est par cette Forme que
l'ensemble des Idées trouvaient leur unification.
Cependant, chez Platon le Bien, tout en étant la
plus digne des Formes, restait au sein de l'être.
L'Un transcende donc l'être chez Plotin, mais de nombreux
problèmes traversent encore le texte des Énnéades
: comment l'Un est-il source de l'être ? Qu'est-ce
que Plotin entend par la « volonté »
de l'Un, puisque celui-ci n'est pas chez lui une Personne
?
Nous voyons déjà comment les auteurs du moyen
âge vont résoudre ces apories, en venant greffer
sur cette première hypostase la conception chrétienne
de Dieu. Les commentateurs de Plotin vont garder l'idée
de volonté et la replacer dans une hypothèse
créationniste : Dieu est Un et Volonté, et
cette Volonté crée à partir du Verbe.
Mais d'autres commentateurs vont insister sur l'idée
de « diffusion » de l'Un en toutes choses. Cette
seconde hypothèse va conduire à de multiples
hérésies, notamment celle qui concerne l'émanation
divine : si le monde « émane », «
découle » comme d'une source, de Dieu, alors
il n'est pas nécessaire que sa Volonté intervienne
dans la formation du monde. Cela signifie d'une part que
Dieu ne pouvait faire autrement que de créer (on
nie donc sa Liberté), d'autre part qu'il y a une
continuité d'émanation entre le monde et Dieu,
et à partir de là sera pensée une remontée
possible. Au contraire, dans l'hypothèse de la création
volontaire, l'acte même de créer instaure une
rupture infranchissable entre le monde et Dieu.
La seconde hypostase est l'Intellect. C'est à ce
niveau que l'on entre dans l'être, et c'est là
que se trouvent les Formes. L'Un se différencie donc
(bien que la manière dont cela se produit reste une
obscurité dans le texte) en un ensemble de Formes,
et l'Intellect se constitue par une contemplation en retour
dirigée vers l'Un. L'Intellect n'est cependant pas
une unité : on a une première différenciation
qui admet la distinction entre le sujet et l'objet, puis
une différenciation en une multiplicité d'intellects.
L'Intellect (contenant les Formes) est le modèle
que contemple le Démiurge platonicien lorsqu'il doit
persuader la matière informe de prendre
des formes.
La troisième hypostase est l'Âme, et c'est
le niveau intermédiaire entre l'intelligible et le
sensible. L'Âme est ce qui permet la réalisation
de l'intelligible dans le sensible, et c'est ici que des
différences de degrés vont se produire.
Les âmes se différencie en fonction de leur
engoncement dans le sensible, car plus la matière
est présente et plus l'âme a de difficulté
à gouverner son corps. Tout cela forme le cadre de
l'ontologie scalaire, qui se trouvera par la suite renforcée
lorsque les textes aristotéliciens, classifiant toutes
les espèces, vont être disponibles.
I -
Métaphysique et lumière : Le Pseudo-Denys
de l'Aréopage
Cet auteur revêt une importance considérable,
car tous les philosophes et théologiens du moyen
âge l'ont lu ou l'ont commenté. Il se présente
comme un disciple de St Paul, membre de l'Aréopage,
le tribunal d'Athènes, qui se serait converti après
un sermon de Paul. En fait, cela est faux, et c'est pour
cette raison qu'on a pris l'habitude de le nommer «
Pseudo- ». Notons aussi pour éviter des confusions
que lorsqu'on se rapporte à Denys, on dit «
Dionysiaque » (rien à voir avec Dionysos).
Ses écrits sont : De la hiérarchie céleste,
qui énonce la structure hiérarchique de l'ensemble
des Intelligences angéliques, De la hiérarchie
ecclésiastique, qui suit le premier et explique
par exemple pourquoi les Grands Prêtres sont dit être
des « anges », La théologie mystique,
qui décrit l'union à Dieu comme une «
inconnaissance », car Dieu se trouve en dehors de
toute saisie intellectuelle possible, et enfin Des noms
divins, qui est l'ouvrage majeur, dans laquelle il
étudie les noms possibles de Dieu, ce dernier ne
pouvant être atteint que par la négation, ce
qui est l’une des caractéristique marquantes
du néoplatonisme.
A partir de ces ouvrages, il faut distinguer chez Denys
deux théologies, qui sont en fait deux méthodes
d’approche distinctes du divin :
– la théologie « affirmative
», qui repose sur les Écritures. C'est
la seule affirmation possible au sujet de Dieu, car il se
nomme « celui qui est » (sum qui sum)
dans la Bible ; l'affirmation est descendante, elle est
le nom que Dieu s'attribue lui-même, et qu'il a transmis
à l'homme en lui donnant les Écritures, sa
Parole directe.
- la théologie « négative »
ou « superlative », qui est une tentative
de remontée vers Dieu. Mais comme l'acte de nomination
n'est plus alors le fait de Dieu mais celui des hommes,
on ne peut parler de Dieu qu'en niant ce qu'il n'est pas
(négative), ou en énumérant tous les
concepts prédicables des perfections, et dire qu'il
est toujours plus que cela (superlative). Il y a une surabondance
d'être en Dieu qui ne peut jamais être atteinte
par la finitude du langage.
Comme l'Un plotinien, le Dieu de Denys est au-delà
de l'être :
De même que les intelligibles ne sauraient
être saisis ni contemplés par les sensibles,
de même que les objets simples et non-modelés
échappent à tout ce qui a forme et contour,
et comme rien de ce qui a revêtu figure de corps ne
peut toucher l'incorporel ni schématiser l'infigurable,
– selon le même raisonnement véridique,
toute essence est transcendée par l'Indéfini
suressentiel, comme toute intelligence par l'Unité
qui est au-delà de l'intelligence, et aucune raison
discursive ne peut discourir de l'Un qui dépasse
tout discours, ni aucune parole rien exprimer du Bien qui
est au dessus de toute parole, Monade unificatrice de toute
monade, Essence suressentielle, Intelligence inintelligible
et Parole ineffable, exempte de raison [c'est à dire
de cause], d'intelligence et de nom, n'ayant d'être
sur le mode d'aucun être, cause ontologique de tout
être et en même temps, parce qu'elle est située
au delà de toute essence, totalement exclue de la
catégorie de l'être, selon la révélation
qu'elle fait d'elle-même dans sa maîtrise et
son savoir (2).
Mais ce qui nous intéresse surtout
ici est l'évocation de la « lumière
» de Dieu :
Comme notre soleil, en effet, sans réflexion
ni dessein mais en vertu de son être même,
éclaire tout ce qui est en mesure, selon la proportion
qui convient à chacun, de participer à
cette lumière, – il en est certainement de
même du Bien (car il dépasse le soleil comme
dépasse une image imprécise l'archétype
transcendant considéré dans sa propre substance)
et c'est à tous les êtres que, proportionnellement
à leurs force, il distribue les rayons de son
entière bonté. C'est à ces rayons que
doivent de subsister, intelligibles ou intelligents, toutes
les essences, toutes les puissances et tous les actes ;
c'est par eux qu'existent tous les êtres qui possèdent
une vie indestructible et inaltérable, tous ceux
qui échappent à la mort, à la matière
et au devenir, tous ceux qui se situent au delà de
la mutation instable, fluente et toujours génératrice
de nouvelles diversités (3).
Ce dernier texte est particulièrement important car
la comparaison y est faite entre le soleil sensible et le
« soleil intelligible » qu'est Dieu. A partir
de là peuvent être effectuées des déviations,
car il est dit que cette luminosité se diffuse «
sans réflexion ni dessein », ce qui ouvre la
voie à des interprétations qui peuvent remettre
en question la Volonté créatrice elle-même.
De plus, il faut noter que la hiérarchie est comprise
dans une optique platonicienne de participation,
et qu'elle se justifie par la potentialité de réception
de chaque être : la lumière se diffuse de la
même manière sur toutes choses, mais certaines
sont plus aptes à la recevoir que d'autres. De là,
l'ontologie scalaire peut être pensée comme
hiérarchie de lumière.
II
- Lux et lumen : approche d’un dualisme
La lumière va être comprise en fonction de
deux concepts, lux et lumen : le premier
est la substance lumineuse elle-même, le second est
son rayonnement. La lumière possède donc la
caractéristique d'être à la fois une
et multiple, elle est même une automultiplication,
ainsi que nous le montre l’expérience des sens
: d’un point de lumière, qu’il s’agisse
d’une flamme de bougie ou autre, naît immédiatement
une sphère lumineuse qui en est le rayonnement. La
lux est l'activité du divin, la source (Denys
parle de « fontana universi », fontaine universelle),
l'origine incréée, et cette conception vient
de la tradition biblique du fiat lux. Cependant,
le risque est d'introduire au sein même du christianisme
l'idée, non d'une création, mais d'une émanation
de lumière. Deux interprétations peuvent être
faites de ce passage : soit l'on considère que Dieu
est, au sens propre, lumière, ce qui oriente vers
ce que l'on a appelé la « métaphysique
de la lumière », soit l'on comprend le vocabulaire
dionysien comme un ensemble de métaphores.
St Thomas interprète le texte à partir d'une
vision métaphorique, et c'est ainsi qu'il faut selon
lui comprendre le « soleil intelligible » ainsi
que toutes les images dont use le néoplatonisme dionysiaque.
Ceux qui ont compris autrement ces textes confondent en
fait les ordres du langage :
Pris dans son acception première,
le mot lumière est attribué métaphoriquement
aux êtres spirituels, comme le soutient St Ambroise.
Mais dans la langue usuelle, où il est étendu
à toute manifestation, il est attribué en
propre aux êtres spirituels (4).
Les partisans d'un métaphysique de la lumière
s'en tiennent donc au langage usuel, et ils commettent de
ce fait des erreurs d'interprétation. Pour étayer
sa position, Thomas s'appuie sur le texte d'Aristote, puisque
ceux-ci sont à sa disposition lorsqu’il écrit,
tandis qu’ils ne l’étaient pas pour les
penseurs du haut moyen âge (5):
La lumière est l'acte de cette substance,
du diaphane en tant que diaphane, et là où
le diaphane est présent seulement en puissance, là
aussi existe l'obscurité. La lumière, elle,
est comme la couleur du diaphane, quand le diaphane est
réalisé en entéléchie sous l'action
du feu ou de quelque chose qui ressemble au corps situé
dans la région supérieure, car à cette
dernière substance appartient aussi un attribut qui
est un et identique avec celui du feu. – Nous venons
ainsi d'indiquer la nature du diaphane et celle de la lumière
: savoir, que la lumière n'est ni du feu, ni, en
général, un corps, ni un effluve d'aucun corps
(car, même ainsi, elle serait une sorte de corps),
mais qu'elle est, en réalité, la présence
du feu ou de quelque chose de ce genre, dans le diaphane
: car il n'est pas possible que deux corps coexistent dans
le même lieu (6).
Pour Aristote, la lumière n'est pas un corps mais
seulement une qualité du corps. Or la qualité,
qui est « différence de la substance »(7),
suppose cette dernière et ne peut exister par soi.
Il n'y a jamais de consistance suffisante de la qualité
pour qu'elle puisse être posée dans une quelconque
autonomie, elle est toujours qualité de quelque chose.
S'appuyant sur cette position, Thomas peut donc écrire
:
[La lumière] agit d'une manière quasi instrumentale
par la vertu des corps célestes, pour produire les
formes substantielles ; et également pour rendre
les couleurs visibles en acte, en tant qu'elle est la qualité
du premier corps sensible (8).
Elle n'est donc rien d'autre qu'une qualité, celle
du « premier corps sensible », c'est-à-dire
de l'Empyrée, qui est traditionnellement pour les
théologiens médiévaux un ciel de lumière
(c’est en général le 10° ciel).
Elle n'est donc pas elle-même un corps, mais une qualité
du corps. Dès lors, Thomas refuse la position des
métaphysiques de la lumière qui pensent une
« lumière intellectuelle » (correspondant
à la lux), car cela voudrait dire que la
lumière n'est ni un corps, ni la qualité d'un
corps. C'est donc de manière métaphorique
que doit être entendu l'enseignement dionysien, et
les hérésies ne sont nées que d’une
interprétation des métaphores de Denys comme
s’il s’agissait de vérités absolues.
Thomas veut en effet préserver la séparation
radicale entre le Créateur et le créé,
c'est-à-dire qu'il refuse toute continuité
entre le monde sensible et Dieu, il impose une solution
de continuité au niveau du passage de la lumière
sensible à la « lumière » divine.
Il n'est pas possible de remonter directement à Dieu,
on ne peut que l'approcher asymptotiquement, et c'est pour
cette raison que les preuves de l'existence de Dieu que
donne Thomas ne l'atteignent jamais et se bornent à
tendre dans sa direction. Le seul contact avec Dieu est
donc une décision de celui-ci, elle ne peut avoir
lieu que dans le miracle ou le « rapt métaphysique
» dont saint Paul avait fait l'expérience (9).
Voir Dieu n'est donc pas possible par les seules forces
humaines (d'où l'« hérésie »
de Dante qui prétend initier un voyage qui le conduit
jusqu'au Paradis) et cela ne se produit que par une «
descente » de Dieu vers nous, comme il le fit en apparaissant
à Moïse.
Notes
(1) Nous ne développerons ici que les grands axes de la philosophie plotinienne, en fonction de sa relecture chrétienne. C’est en vue de ce qu’il engendre que nous évoquerons ici Plotin, et non en fonction de ce qui est le fondement réel de sa philosophie, parfois mal interprétée par les médiévaux. Sur les hypostases : St Thomas définit ce qu'il entend par "hypostase" dans la Somme théologique ; "Dans un second sens, on appelle substance le sujet ou suppôt qui subsiste dans le genre substance. Et si on le prend en général, on peut d'abord lui donner un nom qui désigne l'intention logique : celui de "suppôt". On lui donne aussi trois noms qui se rapportent à la chose signifiée, à savoir : res naturæ, subsistencia et hypostasis, qui correspondent à trois aspects de la substance prise en ce second sens. En tant qu'elle existe par soi et non dans un autre, on l'appelle subsistencia, car subsister se dit de ce qui existe en soi-même et non en autre chose. En tant qu'elle est le sujet d'une nature commune, on l'appelle res naturæ, par exemple, "cet homme" est une réalisation concrète de la nature humaine. En tant qu'elle est le sujet des accidents, on l'appelle hypostasis ou substancia. Et ce que ces trois noms signifient communément pour toutes les substances, le mot persona le signifie particulièrement pour les substances raisonnables.", Som. Théo., I, qu. 29, art. 2, resp.
(2) Pseudo-Denys, Les Noms Divins, 588 B, in Œuvres complètes, Aubier, 1943, trad. M. de Gandillac.
(3) Ibid., 693 B-C, nous soulignons.
(4) St Thomas, Somme Théologique, I, qu. 67, art. 1.
(5) Aristote (à part quelques textes de logique) ne parvient dans le monde latin qu’à partir XII° siècle, via les traductions et les commentaires arabes. Les textes sur lesquels s’appuie Thomas sont ceux traduits par son ami Guillaume de Moerbeke.
(6) Aristote, De l'âme, II, 7, 418 b 9-18.
(7) Aristote, Métaphysique, Δ, 14, 1020 a 34.
(8) Som. Théo., I, qu. 67, art. 3.
(9) St Paul, Seconde épître aux Corinthiens, 12, 1-10.
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